mercredi 24 avril 2013

Un seul être vous manque...



La neige tombe sur Loveland, Colorado. Nous sommes pourtant le 23 avril et il fait moins 6°. C’est à n’y rien comprendre.
Il est 3 heures du matin et je n’ai pas sommeil, en décalage horaire, l’esprit encombré par des états d’âmes de globe-trotter loin de son port d’attache à courir après je ne sais quelle chimère sans avoir vraiment le temps de se poser pour profiter peut-être plus simplement d’une existence paisible auprès des miens.
Ma femme me manque terriblement, nos enfants grandissent, j’aimerais aussi passer plus de temps avec mes amis, avoir tout simplement plus de disponibilité pour faire toutes ces choses qui m’intéressent aussi, pour profiter d’avantage.
Mais une vie n’y suffira pas et je ne voudrais pas non plus avoir de regrets. Alors j’essaie de tout concilier avec le sentiment parfois désagréable de vivre un peu sur le fil du rasoir, sans pouvoir totalement jouir de l’instant présent, pris dans une course contre la montre où il s’agit de ne pas perdre une miette du bref instant qui nous est donné.
Au hasard je clique sur la liste de musiques favorites dans mon répertoire et tombe sur la jolie chanson de Chris de Burgh « The snow is falling ». Il est parfois d’amusantes coïncidences…

Demain deux rendez-vous importants dont les scenarii tournent en boucle dans ma tête avec les effets somatiques classiques : boule au ventre et légère migraine. J’essaie de rationaliser et me motiver en générant des images positives, de celles qui permettent d’avancer au 35ème kilomètre du marathon ou bien, quand perdu dans les hautes solitudes,  le corps refuse de poursuivre l’ascension en vu du sommet et qu’il ne peut être question de ne pas y aller. Putain c’est dur et je m’accroche à l’objectif d’entreprise que je me suis fixé, malgré les coups nombreux, dans l’univers impitoyable de l’économie mondiale où le moindre faux pas est sanctionné cash ; au sens le plus strict du terme.
Ne rien lâcher, persévérer encore et encore, se dire qu’on peut le faire quand d’autres auraient déjà peut-être renoncé, qu’on est là pour quelque chose, et que c’est un privilège d’en avoir l’opportunité. Exister tout simplement.

J’ai envie d’appeler ma femme pour lui dire combien sans elle je ne suis qu’une moitié, combien malgré tout je me sens vivre en faisant ce que je fais, que j’ai besoin de son soutien, de ses ondes magiques qui relance la machine, que j’aimerais lui consacrer plus temps, plus d’attention ; mélange de sentiments un peu confus que je serais bien incapable d’exprimer clairement par téléphone, « paumé » dans mon hôtel au bord de la route 87 à 10 000 km de là, au beau milieu de la nuit. Il y aurait de quoi l’inquiéter…

Il faut que je me calme, fais quelques pompes pour évacuer un peu de tension, puis retombe dans ma torpeur en me disant que demain - tout à l’heure - sera un autre jour plein de promesses qu’il s’agira de ne pas manquer de transformer en réalité pour continuer à se sentir vivre pleinement,  savourer chaque instant, même si certains ont parfois un goût amer.

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