vendredi 12 avril 2024

Au bon endroit au bon moment !

     

Mesdames et Messieurs, la durée de notre vol jusqu’à Dallas sera de 9 heures et 40 minutes, et nous devrions arriver au moment de l’éclipse solaire.

Mince ! Si j’avais réalisé, je serais parti un jour plus tôt pour profiter pleinement de ce phénomène naturel exceptionnel. Observer une éclipse totale du soleil est de ces évènements rares ponctuant une vie.

La route de l’Atlantique Nord projette le 787 vers le Groenland et ses étendues glacées, avant de redescendre vers le golfe du Mexique. Au-dessus de l’océan les cumulus dessinent des moutons clairsemés dont les ombres se projettent comme sur une pairie indigo. Puis en arrivant sur les terres américaines la couche nuageuse se referme, recouvrant « La Terre des Hommes » de son immensité immaculée. Vraiment pas de chance, au sol ils ne pourront pas profiter du spectacle.

Il est 13h quand nous amorçons la descente vers Dallas. L’appareil vire doucement à gauche. Tels des lasers, les rayons du soleil strient la cabine de leur lumière inhabituellement dorée pour la mi-journée. Protégé par 2 paires de lunettes de soleil, je jette un œil à travers le hublot. Déjà l’astre du jour est légèrement occulté par un quartier de lune.

Nous nous enfonçons dans la couche vaporeuse légèrement turbulente. Sortie des volets et du train d’atterrissage. L’appareil devient moins agréable. Et tandis que la lumière décline maintenant rapidement, nous posons dans une atmosphère crépusculaire. Au roulage l’aéroport s’allume de mille feux. 13h30, l’appareil rejoint son point de stationnement. Il fait quasiment nuit.

Je suis à l’avant et sorts rapidement. Etrange impression confirmée par l’excitation des passagers quelque peu perturbés par le phénomène. Inédit pour la plupart d’entre eux.

La passerelle mobile aboutit à un large couloir vitré orienté plein sud sur les pistes. Tous feux allumés, le ballet des avions continue comme si de rien n’était. Machinalement je lève les yeux au ciel comme je le fais à la maison à travers la bais vitrée de la mezzanine pour ne jamais manquer les étoiles lors de mes sorties nocturnes vers le lieu d’aisance…

A la seconde même, une trouée dans la couche nuageuse laisse apparaître le flash du premier rayon de soleil après le transit de la lune devant notre étoile, tandis que sa couronne brille telle une chevelure dorée autour du disque noir. Est-ce bien réel ? Je saisis mon appareil photo, le colle sur le vitrage, zoom un peu au hasard, et lance une rafale de photos en m’exclamant d’émerveillement. Quelques passagers se précipitent pour profiter du spectacle, mais déjà le rideau se referme.

Quel coup de chance extraordinaire !

Ai-je bien vu ce que j’ai vu ?

Le cœur battant j’ouvre la galerie d’image de mon smartphone et les fais défiler. La plupart sont floues, sauf une. Je la grossis, la recadre une peu, elle est juste parfaite. Instantané d’un instant rare et éphémère, le mardi 9 avril 2024 vers 13h40 à Dallas. La prochaine fois en France, ce sera le 3 septembre 2081. Pas sûr d’être là.

 

 

 

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