dimanche 15 février 2015

Le Temple du Soleil



Asphyxiée sous sa bulle de smog coincée par les reliefs volcanique bordant la mégalopole, Mexico City s’étend à l’infini, comme si, attiré par je ne sais quel eldorado, tout le peuple mexicain avait décidé de s’agglutiner dans cette large vallée où, au long des siècles l’urbanisation anarchique a recouvert une vaste zone initialement marécageuse. Tant et si bien qu’aujourd’hui, faute de fondations stabilisées, tout semble un peu de guingois : façades ayant perdue leur aplomb et monuments qui s’affaissent mais ne tombent pas (encore). Et tout cela donne à cette ville dont l’activité semble ne jamais s’arrêter, un charme à nul autre pareil.
A tous les coins de rue des kiosques proposent leur « street food » locale, tandis que les p’tits soldats de l’Armée du Salut tournent les manivelles de leurs boites à musique désaccordées en tendant leur chapeau pour une pièce ; agaçant.

Nous prenons un bus et partons vers le Nord. La ville n’en finit pas de s’étirer, petites maisons de béton multicolores, façon favelas construites en dur, les unes sur les autres, jusqu’à flanc de montagne où la pente devenue trop forte ne permet plus de s’agripper.
De temps en temps l’autocar s’arrête déposer et reprendre quelques passagers tout sourire.
Accompagné de sa guitare un gars commence à fredonner des chansons d’amour, histoire de tuer le temps en espérant glaner quelques pesos auprès des amoureux en ce jour de Saint Valentin.
Puis l’on s’assoupit, bercés par la musique et le roulis du véhicule.

-       Teotihuacan, annonce le chauffeur en stoppant sur un petit parking de terre battue.

C’est notre destination et nous descendons du bus, curieux de découvrir un lieu mythique de la civilisation Maya, « Le Temple du Soleil », l’un de ceux qui inspira Hergé dans les Aventures de Tintin.
Nous abordons le site par le sud pour découvrir une saisissante perspective sur « l’allée des morts » - tout un programme - large avenue pavée, bordée de constructions géométriques, dont la perspective s’achève sur « la pyramide de la lune » quelques deux kilomètres plus loin. Mais le plus spectaculaire est sans aucun doute « la pyramide du soleil » dominant le site du haut de ses 60 mètres, presqu’aussi imposante que les pyramides de Kheops.

Nous démarrons l’ascension par un large escalier sur la face ouest de l’impressionnante construction. Mexico étant à plus de 2200 m d’altitude, il s’agit de doser son effort. Les plateformes intermédiaires de la pyramide à degrés permettent de reprendre son souffle et profiter d’un point de unique sur les ruines de l’antique citée qui a abrité jusqu’à 200 000 âmes, avant son effondrement puis son abandon vers l’an 500, pour des raisons encore obscures, la culture Maya n’ayant pas laissé d’écrits.
Pour autant, le lieu exerce toujours autant de fascination sur quelques esprits éclairés venus chercher ici La Lumière, et qui s’abandonnent en rituels mystiques, mains levées vers l’astre du jour.

Nous poursuivons la montée sur un escalier plus étroit aux marches plus hautes, tandis que quelques visiteurs essoufflés s’en arrêtent là, les yeux dans le vague, à se demander peut-être ce qui les avait poussé à se mettre dans cet état.

Du sommet la vue embrasse toute cette cité perdue seulement redécouverte au 18ème siècle, passée presque inaperçue pour les conquistadores et qui, étonnamment, avait même été quasi oubliée par les populations locales, devenues de simples collines recouvertes d’herbes folles noyées dans le paysage, comme si, un jour le soleil s’y était couché pour une nuit séculaire, ajoutant encore au mystère de ce lieu unique.

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