samedi 5 avril 2014

L'art du hanami



Nous sortons de la conférence de presse sous un soleil radieux. Toujours agréable de prendre l’air après quelques heures dans les locaux exigües des villes Japonaises.
Ici l’espace est millimétré, optimisé, super bien tenu mais il ne faut pas être claustrophobe. Ma chambre d’hôtel de la nuit dernière ne devait pas faire plus 4 m2, juste de quoi se glisser sur un bord du lit de 180 cm (de long), pieds et tête contre les cloisons. Quant à la valise, impossible de l’ouvrir ailleurs que sur lit. Amusé j’essayais d’imaginer un américain de 130 kg habitué au "king size bed" dans des chambre-appartements de 30 m2.
Notre salle de conférence faisait moins de 15 m2 pour 12 personnes. Pas besoin de parler fort pour de faire entendre.

D’un pas vif, notre client nous conduit par les ruelles étroites impeccablement entretenues, où quelques mini-vans aux formes carrés circulent doucement et se garent au millimètre dans les courettes jouxtant les habitations. On se croirait dans une ville Playmobile tant c’est ajusté propre et rangé. Ici rien de dépasse, tout simplement par ce que rien ne peut dépasser. Et le champ de vision se limite au coin de la rue d’après.

Nous débouchons sur le parc d’Ueno, en fait un point d’eau entouré d’arbres en fleurs pareils à des centaines de bouquets géants. C’est un véritable festival végétal, comme si l’instant précédent notre arrivée, tous les boutons avaient éclos en même temps. Coïncidence heureuse, nous nous trouvons là les quelques jours de floraisons des cerisiers si chers au cœur des Japonais.  Et ils sont des milliers à pratiquer l’art du « hanami », consistant à regarder les fleurs tout en flânant dans les allées bordées d’arbres d’un blanc immaculés, d’où se détachent quelques roses pastel. 
Dans des fragrances subtiles de printemps, les amoureux se tiennent la main - pas si courant ici - et se prennent en photo sous les branches fleuries, tandis que familles ou groupes d’amis pique-niquent sur des couvertures étalées sous les arbres. Quelques risées fugaces agitent les arbres libérant des milliers de pétales blancs, flocons légers caressant les têtes comme des baisers parfumés. Le sol, recouvert d’innombrables confettis blancs et roses a des allures de lendemain de festival.
En contre-jour, sur l’autre rive du lac scintillant, un petit temple rouge au toit vert semble flotter sous les tours de béton, contraste saisissant illustrant parfaitement le pays du soleil levant, mélange de traditions et de modernité, dans une réelle cohérence où l’attention aux détails est un art de vivre.

Sous le charme, nous poursuivons la promenade. Et je me demande combien de voyageurs voulant profiter de cet exceptionnel spectacle éphémère, entre nature subtilement agencée, tradition romantique, poésie, et conditions météo adéquates, arrivés trop tôt ou trop tard, ont été bien déçus de manquer cela.

Se trouver au bon endroit au bon moment tient finalement parfois à bien peu de chose.

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