Voyager à ceci de captivant que cela nous
fait voir le monde sous différents angles, bien souvent inattendus, permettant
de relativiser les évènements du cours de nos vies et plus généralement de la
marche du monde. On quitte son environnement, acceptant de sortir de sa zone de
confort, pour se confronter à des réalités différentes en rupture parfois avec
ses certitudes. S’il est évidemment d’une grande banalité que de le dire, c’est
à chaque fois une expérience enrichissante et pleine d’inattendus à qui veut en
faire l’effort. Car en effet, il s’agit bien d’un effort de sortir de chez soi
pour se rendre à Berlin, New-York, Mexico, Shanghai ou Bangkok.
Bangkok et ses bouffées de chaleur
moite, ville trépidante, congestionnée par le trafic routier où se déroule tous
les 2 ans un important salon professionnel, peut-être le plus important pour
nos activités.
Bangkok, capitale de la Thaïlande qui
vient de perdre son vieux roi et où les militaires ont repris de pouvoir, si
tant est qu’il ne l’avait jamais quitté, quasi dans l’indifférence générale,
comme si ici, le sourire et la gentillesse des gens gommait tout le reste.
Bangkok où les A380 déchargent
quotidiennement des milliers de touristes du monde entier venus profiter de la
douceur d’un pays délicat.
Sur le joli stand monté par notre
équipe, fiers de porter notre drapeau, nous accueillons clients et autres
visiteurs essentiellement Asiatiques et Moyen-Orientaux.
Avec la grippe aviaire devenue un
phénomène mondial, les échanges internationaux de génétique volailles
deviennent très compliqués, entrainant d’énormes impacts économiques sur nos
activités. Sans changement des règles internationales, c’est toute une filière
qui va s’asphyxier, au nom de vieux règlements devenus intenables. D’autant que
des solutions techniques existent. Mais faire bouger les lignes semble encore
quasi-impossible pour des administrations zélées, prisonnières de vieux
paradigmes.
Dans ce contexte notre Groupe se veut à
la pointe de propositions innovantes largement relayées dans les médias
spécialisés.
Bon nombres de professionnels étrangers
semblent maintenant vouloir s’en saisir. Mais c’est lent, trop lent car nous ne
sommes pas aidés par une administration se drapant derrières des règlements
devenus obsolètes. Le pire dans cette affaire est aussi l’attitude de certains
professionnels intoxiqués par ce qu’on leur raconte, incapables de prendre le
recul nécessaire (ou ne voulant simplement pas le faire pour des raisons
bassement concurrentielles). Alors on coure à la catastrophe, mais on y coure
ensemble, avec l’impression de protection que cela procure, comme les lemmings
vers le précipice : mouvement bien ordonné dont personne n’est
responsable ! Simplement ubuesque et qui me met hors de moi lors d’une
virulente discussion avec un collègue français.
Hasard des rencontres dans les allées du
salon, je croise un autre collègue, cette fois-ci Hollandais. Echange de
banalités sur le temps qu’il fait et les dégâts provoqués par la grippe aviaire
sur nos activités. Puis il me branche sur la campagne présidentielle en France,
et « nos affaires » de corruption au plus haut niveau de la
république.
Certes cela fait mal aux oreilles
lorsque le terme vient de la bouche d’un étranger à notre encontre. Car là-aussi
on s’habitue à la petite musique que l’on joue chez nous pour éviter les gros
mots. Mais tout bien considéré, de quoi d’autre s’agit-il lorsque des fonds
publics ont été détournés à des fins personnelles via femme ou enfants, des
cadeaux somptuaires offerts par de généreux donateurs anonymes évidemment
totalement désintéressés, ou encore que l’on fait rémunérer par
« Bruxelles » de pseudo-attachés parlementaires ? Intéressant
débat sur l’une des raisons de la montée des populismes en Europe, germes de
tous les dangers pour le vieux continent.
Là-encore, comme si nous n’y pouvions rien,
simples victimes d’un système vieillissant dont nous serions condamnés à
accepter les fatalités, comme les moutons d’un troupeau.
Voyager permet aussi de sortir de cette
torpeur.
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